The effect of COVID-19 measures on migrant workers

Correspondence between Nipun Kalra (student at the National Law University – Delhi) and Souhayla El Alimi (étudiante à l’Université Mohammed Premier – Oujda)

Dear Souhayla El Alimi,

Hope this letter finds you well!

From the very beginning, working and learning in the space created by the Law School has been quite fascinating for me as a law student. My interest in Human Rights Law was cultivated, more importantly, due to the influence created by my association with the People’s Union for Civil Liberties, Jaipur office, where I worked under the able guidance of Mrs Kavita Srivastava, a renowned human rights worker. Here, I gained my first-hand practical and work experience with the social events that occur around us, which we consciously ‘choose’ to ignore.

But you must be wondering that this still does not explain why I chose this topic? Well, that’s something which lies at the heart of what transpired very recently. The Indian government imposed a nation-wide lockdown in the wake of the worldwide COVID-19 crisis. While the entire population is affected by COVID-19 measures, migrant workers are hit harder. While this step of the lockdown could be foreseen by the public, the short duration of ‘four hours’ before which this announcement came into effect, proved highly worrisome given the fact that the majority of the Indian economy is dependent upon migrant workers and informal workers who were far from home when the lockdown came into force.

In the battle against COVID-19, India has already seen over 11 million confirmed cases and more than 156,000 deaths. Like most countries, it has adopted drastic measures, such as a nation-wide lockdown, the invocation of the draconian Epidemic Diseases Act, 1897 (EDA), alongside the National Disaster Management Act, 2005 (NDMA), and the suspension of mass transport services among other things. Several states have also developed unique coping strategies in the ‘war’ against the deadly virus.

Framing the struggle against the Coronavirus as a ‘war’ has justified far-reaching interventions. The differing impact of the lockdown on different segments of the Indian population has illustrated Indian society’s stratification. While most middle-class families approved of the authorities’ actions, the neglected India of interstate migrant labourers trudged home barefoot, hungry and thirsty.

According to the 2011 Census, there are 41 million interstate migrants in India, who migrate to other states due to a lack of job opportunities in their home state. Survival attracts these migrants to the cities from poorer, less educated and economically deprived backgrounds. Their exploited labour is marked by meagre wages, long working hours and unhealthy working conditions.

The policies of the Indian government overwhelmingly impact the vulnerable. Beatings, disinfection and quarantine conditions that breach the constitutional right to equality have been applied to migrants trying to return home. Lockdown policies often violate their rights to life and health, insofar as they confine migrants for an unspecified time, and without advance notice, to their leased housing, without access to food or water. In a crude attempt at disinfection, even those permitted to fly have been exposed to dangerous chemicals.

The disproportionate impact of state policy is also an infringement of the right to equality provided for in Article 14 of the Constitution and it imposes a corresponding obligation on the government to mitigate the negative effects. Although the Indian government flew back citizens who were stranded abroad, it did not provide internal migrants with similar travel support until much later. This unfair treatment of officially equal people is, at the very least, problematic, because there was, in fact, an immediate and well-publicized need for concrete policy initiatives to assist migrants.

After a series of phased ‘unlocks’, the Indian nation is now moving back to normalcy. The migrant workers have been forced to return to the workplaces where they earn their livelihood. However, I firmly believe that we have again ‘consciously’ ignored the fact that these workers were the first to be hit by the lockdown and the first to go back into the field. This cannot be ignored at any cost.

In the long run, India should work by amending labour laws to reduce the insecurity of migrant workers. Such reforms should reconcile the conditions of migrant workers with those of other unorganized workers in industry, while at the same time establishing requirements for food protection, repatriation and wage stability in times of emergency. Although emergency responses are immediate, they need to pave the way towards addressing more structural problems in industries dominated by migrant workers.

I hope this letter gave you a lot to think about in the times to come!

Yours Pen Pal,

Nipun Kalra

21-FEB-2021, Delhi

Cher Nipun Kalra,

J’espère que vous trouverez toutes les informations dont vous avez besoin dans cette lettre.

Je suis très épanouie car j’aurai enfin l’occasion de m’exprimer sur un sujet qui m’intéresse.

J’espère que vous vous portez bien ainsi que votre famille pour ce qui concerne la pandémie. D’après nos dernières discussions, j’espère que vos études vont bien aussi. Il me semble que la gestion et la médiation sociales et le droit sont deux domaines complémentaires.

L’année 2020 a été entièrement consumée par la pandémie et il semble que les premiers mois de l’année 2021 seront eux aussi engloutis par les effets de la pandémie. Au Maroc, bien que les mesures de sécurité soient toujours en vigueur, les choses reviennent lentement et régulièrement à la normale et je pense qu’après la fin de toutes les campagnes de vaccination, nous serons vraiment sur la bonne voie pour revenir à la vie d’avant la pandémie. Mais ceux qui sont et continueront à être les plus touchés par les circonstances actuelles sont les personnes déjà vulnérables de la société et notamment les migrants subsahariens qui sont nouvellement installés au Maroc. Ces personnes ont     beaucoup souffert lors de cette pandémie car ils sont très loin de leurs familles, ils ont perdu leur travail et il y en a même qui ont perdu leur logement. 

Migrants subsahariens : Le Maroc au bord d’une catastrophe humanitaire:

Les migrants subsahariens au Maroc ne font l’objet d’aucune mesure particulière pouvant soulager le drame qu’ils vivent au quotidien sous nos cieux. Déjà en situation de vulnérabilité, ils le sont désormais encore plus aujourd’hui sous l’effet de l’état d’urgence sanitaire prolongé malgré le travail des associations sur le terrain pour leur venir en aide et répondre à leurs besoins les plus élémentaires : eau, nourriture, couverture…

Les acteurs associatifs sur le terrain depuis plus d’un mois décrivent une situation de détresse humanitaire sans précédent : ils ne trouvent rien à se mettre sous la dent, même pas dans les poubelles !

La fermeture des restaurants et des hammams aggrave le quotidien de cette population qui ne peut plus compter sur la générosité de quelques restaurateurs et de quelques propriétaires de hammams, qui leur donnaient des repas ou leur permettaient de se laver.

Les associations elles-mêmes ne disposent pas de toutes les ressources nécessaires pour faire face à cette situation, d’autant que leur travail est devenu plus contraignant sous l’état d’urgence sanitaire.

A Casablanca, ils sont près de 700 personnes assistées par l’instance marocaine pour la justice sociale et les droits de l’homme sans oublier les 150 SDF adultes et mineurs auxquels l’Instance Marocaine Pour La Justice Sociale et Les Droits De L’homme tente de venir en aide.

La coordinatrice de l’Association dans la région de Casablanca, est tiraillée face à la situation actuelle entre migrants subsahariens et les personnes qui se retrouvent SDF à cause de l’épidémie et ne trouvent même pas les moyens de rejoindre leurs familles. Pis, cette population est composée de mineurs, ce qui pose clairement le problème de leur sécurité corporelle, psychologique sans omettre qu’ils ne trouvent même pas de quoi calmer leur faim.

L’association a déjà lancé des alertes en mars dernier sur les conditions de vie de cette population et elle a réitéré son appel aux autorités face à l’amenuisement des ressources pour subvenir aux besoins de ces personnes en extrême détresse. Plus d’un mois plus tard, la situation s’est dégradée davantage. Les migrations continueront de jouer un rôle important dans la croissance économique et l’innovation, ainsi que dans l’adaptation à des marchés du travail en mutation rapide. Les migrants sont particulièrement exposés aux effets de la pandémie sur la santé, du fait de leur travail en première ligne pendant la pandémie mais aussi parce qu’ils présentent des vulnérabilités liées, par exemple, aux conditions de logement ou à la pauvreté. Les études menées dans plusieurs pays montrent que les immigrés sont exposés à un risque d’infection au moins deux fois plus élevé que les personnes nées dans le pays.

À long terme, le Maroc devrait s’efforcer de modifier le droit du travail pour réduire l’insécurité des travailleurs migrants. Ces réformes devraient concilier les conditions des travailleurs migrants avec celles des autres travailleurs non syndiqués de l’industrie.

J’espère que cette lettre vous a donné matière à réflexion dans les temps à venir.

Votre correspondante,

Souhayla El Alimi

15-FEV-2021, Oujda

Dear Souhayla!

Thank you for sharing a well-thought letter. It gave me lots of information to ponder over. I have been reading on the subject and tried to unpack the different narratives around the migrant issues related to the migration of sub-Saharans to Morocco.

Sub-Saharan migrants are underemployed and daily engaged in activities in the parallel economy. In most cases, they work as unlicenced hawkers on streets and corners or in undeclared jobs in the construction sector and in other arduous labour.

I also understood that Moroccans do not accept that sub-Saharan migrants should benefit from all the rights that the Moroccan people enjoy, as they believe that the migrants must not be a priority, given the socio-economic conditions that every Moroccan with a low income endures.

Moroccans also consider that the presence of sub-Saharan migrants causes ‘an increased sense of insecurity, theft, beggary and squabbling’, according to the answers given by Moroccan interviewees in a survey.  

Overall, I firmly believe that our most pressing concern should be to challenge ourselves, as a first step towards resolving the migrant crisis. This crisis worsens if it is reduced to a political melodrama. I believe collective consciousness can be raised among people to bring effective change. There should be a constant (and a constructive) dialogue between the migrant population and the respective governments. And do you think the Moroccan population should be a part of this dialogue as well?

A pandemic is not the time for a blame game. The worst affected, the migrant workers themselves, have shown great generosity and shared their rations with those in need. Amidst all the disheartening things happening during the pandemic, examples like this affirm that we can overcome this if we all stand united with humanity.

Your pen pal,

Nipun Kalra

6-MARCH-2021, Delhi

Cher Nipun Kalra,

Merci pour ta lettre si riche en idées et en informations et j’avoue être d’accord avec ton avis par rapport à l’effet des mesures contre la covid sur les migrants subsahariens or l’expansion extrêmement rapide des migrations clandestines enregistrées au départ de l’Afrique Subsaharienne depuis le début des années 1990 est liée à la fragilité de ce continent. L’augmentation de la pauvreté, les pénuries de ressources naturelles (l’eau en particulier) et les conflits et guerres de toute nature incitent les immigrants africains à transiter par le Maroc en direction de l’Espagne et de l’Europe ou bien à s’installer définitivement au Maroc afin de profiter de sa stabilité et de sa prospérité. L’une des plus importantes conséquences de l’immigration illégale sur le Maroc découle du fait que, échaudés par les difficultés qu’ils ont rencontrées sur le chemin migratoire les conduisant en Europe, un nombre de plus en plus important de migrants subsahariens optent désormais pour une installation dans différentes localités marocaines (plutôt urbaines).

Pour prendre en compte ces caractéristiques, nous supposons que l’immigrant africain qui vient s’installer en ville, n’a pas le même comportement que le travailleur marocain urbain. Il ne maximise pas le revenu attendu de l’offre de son travail au Maroc ou à l’étranger. Il vient pour travailler au Maroc, fuyant la guerre ou la pauvreté, afin d’y rester ou d’assurer sa survie avant de se rendre en Espagne. La décision d’émigrer vers l’Europe est prise avant l’arrivée au Maroc et ne dépend donc pas des conditions de vie et du différentiel salarial entre le Maroc et le reste du monde. De plus, étant donné que l’immigration des Africains n’a pas lieu uniquement pour des raisons économiques ou financières, mais aussi pour des raisons d’ordre personnel et de sécurité, les conditions de vie au Maroc et en particulier la variation du salaire urbain n’auront pas d’effet sur l’immigration subsaharienne vers le Maroc.

Finalement je remercie toute l’équipe du Global Pen Friends car ils nous ont donnée l’opportunité de nous exprimer librement et je remercie également mon cher collègue Nipun Kalra pour son aide sur ce sujet.

Votre correspondante,

Souhayla El Alimi

6-MARS-2021, Oujda