Online education: a sustainable method?

Correspondence between Jyotsna Gupta (student at National Law University – Delhi) and Clara Safi Nabintu (étudiant à l’ Université Catholique de Bukavu)

Dear Clara Safi Nabintu,

I hope you are having a good day. Through the news, I have a slight idea of what the COVID-19 situation currently looks like in your country, and I hope you and your loved ones are safe. In India, including in the Indian capital from where I’m writing this letter to you, the situation has been moving back and forth lately. Schools, colleges and other public institutes were shut for a very long time and as of now the government is trying to open up these places in a phased manner. So, in a nutshell, COVID-19 is kind of the centre of everything that is happening.

And this is actually the motive behind my choice of this topic for our discussion. I’m a first-year law student, and I was very excited to visit my university. I took a one-year break after high school before starting university, and I did science subjects in high school. So, taking up law, I was looking forward to delving into this new field and interacting with my peers, seniors and professors. But due to the ongoing pandemic, I most certainly haven’t been able to experience any this as of yet. And as things appear right now, I don’t think it will happen any time soon.

I attend my classes everyday with a group of people who I haven’t met in person. It feels weird, but at the same time, it is actually very nice as well. It’s like having a bunch of online friends, like you and me, through this initiative. But yes, my point is, having been raised in such an environment where human interaction is given priority, it has been a difficult ride to adapt to all this. Also, there is a fresher’s party which is supposed to happen every year for the first years and that was also online this year. Anyway, leaving aside the things in my own situation that I am sad about, we have all lost some really good opportunities.

In law school, we are introduced to something called ‘mooting’ in our first years, and almost every law student initially takes part in this. Mooting is actually kind of a dummy court, where we role-play as lawyers in a courtroom setting and we discuss a hypothetical case given to us in front of a judge. It’s great and a really fun activity, and actually quite an important part of our law school experience. If I’m not wrong, you’re studying informatics, so you might have hackathons, I guess. If so, it’s something similar to that probably. Let me know in your letter. So, anyway, we will be having our first mooting rounds in about a week, but online. Not that it’s not great, I’m really excited, but this activity is a lot more fun offline.

So, based on my personal experience and also from what I have heard from my friends in other fields as well, it’s actually a little difficult to cope with this online teaching system. It’s great to expand on and add to what one is doing in the offline mode, but not a sustainable method on its own. Many people have connectivity issues, so they cannot attend the classes sometimes. There is always an option of watching the recorded lecture, but, again, nothing can replace the kind of discourse in an offline class.

Speaking from a broader perspective, a lot of people around the world who are currently using this mode of education are facing problems. I understand my privileges and the fact that my parents and teachers have done more than enough in these times to ensure I get my education in the best way possible. As a law student and, most importantly, as a human being, I would also bring into consideration the majority of people who don’t have access to such resources, people who are specially abled and don’t have the requisite technology to adapt to this system.

I am certainly well aware of the challenge’s world leaders are facing right now, and in no way am I blaming all this on them. It’s just how our society is inherently, in its very core. We often tend to neglect stories from the other side. This pandemic has more evidently brought all this to light, and has actually forced us to think about it. For this online mode of education to function effectively across the board, there is a prerequisite of inclusivity in the system. I feel that we as people who have seen this pandemic close up and how it affects us at different levels should actually think about this.

I hope that through this letter I have given you some food for thought. Blending with my own personal experiences and my views on a broader scale, I send this letter and my best wishes to you. I would also like to apologize if any of these views are in conflict with what you believe. I would certainly like to hear what you think about this and look forward to your reply.

Your friend,

Jyotsna Gupta
24-FEB-2021, Delhi

Chère Jyotsna Gupta,

Je me porte bien, ainsi que toute ma famille. Je suis tout autant honorée que vous de participer à ce programme et d’échanger avec vous sur ce qu’est l’éducation actuellement. Dans mon pays, ce sujet est un des points les plus sensibles en ce moment.

La pandémie sévit dans notre pays et bien que les activités scolaires et académiques aient récemment repris en présentiel, nous avons connu, durant cette année, deux mois d’arrêt complet sans savoir quand nous reprendrions les cours, et pendant ces deux mois, l’université envisageait déjà la reprise des cours en ligne que nous craignions tous. Pendant l’année académique 2019-2020, nous avons pu expérimenter l’enseignement en ligne et pour moi, il a des points tout autant positifs que négatifs.

Je suis maintenant en dernière année de Licence en Sciences Informatiques et vue la qualité évolutive des sciences technologiques et de l’informatique en particulier, s’auto-former est un besoin prioritaire pour être à jour avec le monde. Et en général cela n’est pas le cas de la plupart d’entre nous, ne nous limitant qu’à ce qui nous est donné à l’auditoire. Mais lorsque nous suivions les cours en ligne, le titulaire du cours déposait le matin sur notre plateforme d’enseignement (le « moodle »), le syllabus ou la partie à exploiter, nous donnant le temps de les lire et de préparer nos questions pour les échanges dans l’après-midi. Je ne sais pas comment l’enseignement en ligne se déroule chez vous.

Cela m’a habitué à lire beaucoup et à apprendre par moi-même. Lorsque j’avais besoin de plus de détails, au lieu de continuer la lecture et d’attendre de poser au prof au moment des interactions la question qui me préoccupait, je faisais des recherches et me documentais encore plus par moi-même et j’en découvrais peut-être beaucoup plus que ce que le professeur m’aurait répondu. Cela a laissé en moi cet esprit curieux et à l’affût du savoir.

Nous avons connu des moments durs. L’adaptation au nouveau mode d’enseignement n’a été facile ni pour nos enseignants, ni pour nous, étudiants, et cela a créé des débats interminables entre nous, étudiants, des divisions au sein de l’auditoire et même au sein de l’université parce que certains étudiants étaient pour cette méthode et d’autres non.

Certains collègues te diront que c’est la meilleure manière d’étudier uniquement parce que cela leur permet soit de rester à la maison, soit de combiner cours et boulot ou autres business.

Et bien que notre université se débatte pour maintenir les cours durant cette pandémie, ce dont je suis très fière par ailleurs, le niveau de vie de la population africaine, congolaise et bukavienne en particulier, ne permet pas de rendre cette méthode durable et efficace. Comme vous l’avez souligné dans votre lettre, c’est une grâce exceptionnelle que d’avoir des parents qui peuvent t’offrir un smartphone, un ordinateur, un iPad et ainsi que le forfait internet journalier ou mensuel qui te permettent de suivre les cours dans les meilleures conditions. Je peux vous assurer que certains de mes camarades n’ont même pas suivi une fois les cours en ligne faute de moyens financiers ou matériels et d’autres n’en suivaient que rarement.

Mais se pose encore un problème majeur : nos écoles secondaires et primaires qui, à ma connaissance, n’ont pas pu se munir, jusque-là, d’une application permettant de dispenser les cours en ligne. Le gouvernement a instauré un horaire d’enseignement « en ligne » sur les chaînes des télévisions locales ou nationales pour les élèves mais se pose le problème de ces familles qui n’ont pas de téléviseur, ni même d’installation électrique dans leur maison. Car je vous assure que ces familles existent non seulement dans nos villages mais même en pleine ville.

Sans oublier ce que vous avez souligné, l’importance de la présence non seulement entre élèves ou étudiants mais aussi avec les enseignants parce que ce sont tous ces moments de fou rire, de collaborations en présentiel, de blagues qui font la joie de se rendre sur place et qui renforce les liens et font de nous une seconde famille les uns pour les autres.

Mais je suis de ceux qui pensent que, vue la pandémie de la Covid-19 que ni nous étudiants et élèves, ni nos autorités académiques et politiques n’avons désirée, nous devrions nous battre et évoluer avec la situation qui nous est imposée actuellement et nous adapter tant bien que mal.

Face à la crise que notre université a traversée, j’ai proposé à certains des collègues qui n’avaient pas la possibilité de suivre les cours, de passer à la maison ou chez un des collègues proches pour les suivre avec lui en respectant les règles barrières recommandées. Peut-être trouverez-vous cela égoïste mais que devrions-nous faire face à cette situation ? Nous croiser les bras et laisser passer des mois, des années peut-être ? Juste parce qu’il nous semble dur de nous adapter ? De mon point de vue, tout n’est qu’une question d’organisation et de cœur assez compatissant pour penser aux amis et aux collègues qui ne peuvent se permettre le luxe de suivre les cours tous les jours et de leur venir en aide.

Alors le fait que nos autorités essayent d’adapter cette méthode d’enseignement à l’échelle nationale ou même mondiale sans tenir compte des entraves qu’elle peut rencontrer, sans tenir compte de tout un chacun, est une des choses qui rendent cette méthode d’enseignement non durable, non viable et moins efficace que le présentiel.

Cher ami, j’espère avoir répondu à vos questions et si vous avez un avis contraire à une ou plusieurs de mes opinions citées ci-dessus, je serais enchantée de vous entendre et de partager avec vous.

Amicalement,

Clara Safi Nabintu
1-MARS-2021, Bukavu

Hello friend,

I’m so glad to hear from you. I hope you are doing well when this letter reaches you. This correspondence has given me a lot of food for thought so far. And it was nice to hear how you have tried to make the best out of the situation at hand and to learn about the online teaching system in your country.

I would like to share with you some information about the structure of online education in my country right now. It’s actually quite similar to the one in yours. The government has taken new initiatives and decided to broadcast the classes on television and radio. And some private and social welfare organizations are also contributing by providing less privileged students with the necessary resources to attend online classes. But again, as you pointed out in your letter, the benefits of such initiatives do not extend to a certain group of people, for example those who don’t even have a television set at home. And in the backdrop of such a grim reality, it’s hard to say that online education is sustainable.

I totally agree that one of the positive sides of the pandemic and this mode of education is the ‘self-learning’ process. I also learned a few things by myself during the lockdown. Online learning puts a lot of onus on us to look after our own education, and people who have the resources should step up, embrace themselves in this process and also help others.

I really liked how you mentioned helping out colleagues who do not have the resources to attend the online classes by sharing with them. But adding to that, some people, due to the fear of the pandemic, which is still quite active here, may not be able to invite their colleagues to watch online classes together, but they could instead maybe share notes with them by mail. Or we could explain the topics to them on the phone. My point is that once we are aware of how things are, it’s basic humanity to help those who cannot help themselves because we are blessed with such resources which enable us to do this. This is actually the time that we have to stand up for each other.

The paradigm of online learning is multifaceted, it reflects intricate layers of our society, how it has been and how it functions. It would be ignorant on the part of any of us to see this paradigm in the absence of those layers. And so, with what it looks like currently, although online education is the only way in the current circumstances, it really isn’t sustainable and cannot be used in the long run because, if it was, it would lead to the exclusion of certain groups of people from the basic human right to education.

I would really like to hear your opinions on this. This topic is surely of great importance to you, me and everyone. Looking forward to your reply.

Kind regards,

Jyotsna Gupta
7-MARCH-2021, Delhi

Chère Jyostna Gupta,

Bonjour et heureuse de vous lire à nouveau. J’espère que, de votre côté, la situation pandémique s’améliore. Chez nous, nous nous battons pour essayer tant bien que mal de reprendre le cours normal de la vie malgré la pandémie qui continue de faire des ravages.

De ce fait, nous avons repris les cours en présentiel mais nous avons aussi des cours en ligne pour ceux dispensés par des professeurs visiteurs. Certains s’efforcent de faire le déplacement si leur pays de provenance le permet.

Et comme vous l’avez souligné, si l’enseignement en ligne n’est pas une méthode d’éducation durable bien qu’évolutive et constituant la seule solution d’enseignement adaptée à la pandémie, il ne peut définitivement pas remplacer la pédagogie en présentielle. Car elle ne bénéficie qu’à une minorité des « privilégiés » au détriment d’une majorité qui n’a pas les moyens nécessaires pour s’adapter.

Hormis le problème financier pour certains, se posent aussi celui de la déscolarisation physique. En allant en cours, il y a ce besoin non seulement scientifique mais aussi humain en termes de contacts, de relations telles que l’amitié, l’amour, la compassion, la confiance, etc. C’est sur le banc de l’école que se créent les amitiés les plus solides, des partenariats futurs, des couples, des connaissances et autres.

J’aime bien la méthode mixte  adoptée par les Émirats Arabes unis : l’enseignement en ligne pour les parents qui ont les moyens et qui ne veulent pas que  leurs enfants aient des contacts et l’enseignement en présentiel pour les parents qui ne peuvent pas payer à leurs enfants l’enseignement à distance mais qui toutefois peuvent continuer à les envoyer  à l’école comme d’habitude tout en respectant les mesures barrières, les enseignants étant formés en conséquence. Il est à noter que l’enseignement en ligne n’est pas une méthode nouvelle dans ce pays mais il a seulement été généralisé par l’arrivée de la pandémie. Mais cela n’est pas faisable dans la plupart des pays du tiers monde et particulièrement en République Démocratique du Congo, pour ne citer que mon pays, où la plupart des universités réputées du pays n’ont même pas pu débuter l’enseignement en ligne durant l’année académique écoulée. Cela demande des moyens financiers et un progrès technologique que la plupart de nos pays et universités ne possèdent pas.

En cette période de pandémie nous ne pouvons qu’appeler à la bienséance et à l’humanité de tous, de tout un chacun consciencieusement, ce n’est plus uniquement l’affaire de nos autorités gouvernementales, ni des organismes non gouvernementaux. C’est un appel qui nous concerne tous : avec le peu que nous pouvons posséder ou faire, nous pouvons grandement impacter sur la vie de  nombre de nos concitoyens.

Ça a été un grand plaisir pour moi d’échanger avec vous sur ce point qui est un des plans tournants de cette pandémie.

Bien à vous,

Clara Safi Nabintu
24-MARS-2021, Bukavu